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Pérégrinations d'un Bookcrosseur

jeudi, octobre 13, 2005

36 stratagemes de Sun Zi

Les stratagèmes ci-dessous énumérés, d'origine militaire, sont applicables aisément dans notre vie quotidienne.

Par exemple comment endormir votre adversaire pour mieux le vaincre, comment se comporter pour passer inaperçu à travers les tumultes des réorganisations d'entreprise, etc … etc …

Parcourez d'abord ces 36 stratagèmes, puis faites travailler votre imagination pour les appliquer à vos cas spécifiques.

Ensuite vous interviendrez avec vos commentaires et on en rediscute après.


1. Bruit à l'est; attaque à l'ouest
Induit en erreur le commandement adverse et sème le doute dans ses rangs.

A la guerre, on peut obtenir l'effet de surprise aussi bien par la tromperie que par la rapidité de mouvement des troupes.
Un proverbe chinois dit: "il n'y a jamais trop de ruse durant la guerre".

Cependant, cette stratégie avertit qu'il faut s'assurer du manque de jugement de l'ennemi avant de faire des feintes de mouvement pour le tromper. Un commandant avec une bonne présence d'esprit connaît ses forces et ses faiblesses, il déploie donc ses troupes en conséquence; il n'est ainsi pas susceptible d'être dupé par les mouvements trompeurs de l'ennemi. Il peut même feindre d'être trompé et retourner ainsi les ruses de l'ennemi contre lui. Par conséquence, quand on veut tromper l'ennemi, il faut avoir à l'esprit de semer la confusion chez lui.


2. Attire le tigre hors de la montagne
Pousse l'adversaire à déployer ses meilleurs éléments loin de leur base.

Dans un contexte militaire, un tigre dans sa montagne symbolise un ennemi puissant qui jouit de la protection d'une cité fortifiée, d'un camp retranché, d'un col montagneux stratégique ou d'une voie d'eau tumultueuse et sauvage.

Celui qui commande une armée disciplinée est averti de ne pas se lancer à l'attaque d'un tel ennemi.

Ainsi, que ce soit en vue de l'annexion de territoires ennemis ou de la destruction de ses forces militaires, il faudra s'efforcer d'éloigner l'ennemi de son imprenable position avant d'engager le combat.

3. Une flèche tue deux oiseaux (c'est à dire: faire un bénéfice sans effort)
Tire parti à bon escient de la négligence ou de l'incompétence de l'adversaire.

Tirer avantage du moindre défaut; s'emparer du plus petit profit. Faire usage d'une erreur mineure de l'ennemi pour obtenir une victoire mineure.

Dans un contexte militaire, la chèvre représente n'importe quelle faute inattendue de l'ennemi. De même que c'est le général en chef qui décide de "piller une maison en flammes", c'est le plus souvent un général subordonné qui trouve la chèvre et décide de "l'emmener de la main droite".
En un mot, cette stratégie nécessite que l'on agisse en fonction des circonstances changeantes. Il faut saisir toute chance de se renforcer et d'affaiblir l'ennemi, pour une victoire mineure, qui tel un coup aux échecs peut décider de l'issue finale de la confrontation.

4. Faire semblant de ne pas être au courant
Laisse l'adversaire sous-estimer tes capacités.
En temps de guerre, l'effet de surprise peut être obtenu soit par le secret, en adaptant vos manœuvres à celles de l'ennemi, soit par la duperie, en faisant en sorte que l'ennemi mésestime l'objectif de vos mouvements à découvert. Le secret est la méthode usuelle et elle est immédiatement applicable à grande échelle.

5. Transformer le dragon en phénix
Dissimule tes secrets en évidence afin qu'on ne les perce pas à jour.

Autrement dit, s'il est hautement improbable que l'ennemi reste ignorant de nos actions, on pourra toutefois lui jouer des tours juste sous son nez.
6. Le piège de la belle
Intoxique ou accapare ton ennemi avec une activité consommatrice de temps ou d'énergie, de la sorte tu diminueras son esprit combatif.

La guerre est une continuation de la politique, son résultat peut par conséquent être influencé par des manœuvres politiques à l'extérieur du champ de bataille.

Il y a deux pratiques souvent adoptées par les dirigeants militaires du passé: l'usage d'agents doubles pour semer le trouble dans les rangs adverses, et l'utilisation de belles jeunes femmes pour faire perdre l'esprit au souverain de l'Etat ennemi.

L'histoire officielle de la Chine ancienne renferme bon nombre de cas de femmes dont la beauté était si irrésistible qu'elles pouvaient renverser des royaumes. Envoyée dans un pays hostile, une telle beauté sans égale a pour mission, non de recueillir des informations militaires, mais de corrompre le souverain en le faisant succomber à des plaisirs lascifs pour qu'il néglige les affaires de l'Etat.


7. Profiter de l'incendie pour piller et voler
Exploite et tire parti d'opportunités au fur et à mesure de l'aggravation de la situation chaotique de l'adversaire.

Quand l'ennemi traverse une crise majeure, saisissez la chance d'obtenir un avantage. La résolution l'emporte sur la faiblesse.

Une maison en flammes sombre dans le désordre et la confusion. Ainsi un voleur peut avoir l'occasion de piller les biens d'une maison pendant que le portier et les gardes sont occupés à combattre le feu. Cette maxime signifie donc tirer avantage des déboires d'autrui afin de lui causer du tort.

En temps de guerre, la maison en flammes symbolise le pays qui souffre de graves troubles ou qui est sur le déclin. En attaquant un tel pays, on aura un double bénéfice avec un demi effort.

8. Créer quelque chose ex-nihilo
Change ce qui était sans substance en une réalité.
Faire une feinte, non pour la faire passer pour la réalité mais pour la faire devenir réalité après que l'ennemi soit convaincu qu'il s'agit bien d'une feinte.

A la guerre, il est souvent nécessaire de feindre des manœuvres pour distraire et induire en erreur l'ennemi. Cependant, ce type de ruse est aisément identifiable et devient rapidement sans effet.
En outre, l'ennemi ne pourra être défait que par une action authentique et non par une simple feinte. Par conséquent, un stratège de guerre judicieux sait non seulement comment tromper l'ennemi par des feintes mais aussi quand transformer celles-ci en véritables opérations de combat.

9 Agir avant l’ennemi pour le vaincre
Crée une situation de panique et de chaos, l'adversaire ne pourra ainsi ni penser ni voir clair et ne saura comment se conduire dans un moment de tension extrême.

Un élément habituel dans les opérations offensives, la surprise, peut être issue de la duperie envers l'ennemi aussi bien que par la mobilité de vos propres troupes. Vous pouvez espérer gagner un avantage.

Un des usages typiques de cette stratégie est d'habiller vos forces avec l'uniforme de l'ennemi, de pénétrer à l'intérieur de son territoire et d'attaquer son point vulnérable.

10. Battre l'herbe pour effrayer le serpent
Ne renseigne pas (vraiment) l'adversaire.

Vérifier ce qui est douteux, démasquer l'ennemi avant de passer à l'action. Revenir et ramener à la lumière les secrets de l'adversaire.

11. Assassiner avec une épée d'emprunt
Utilise les ressources d'un autre pour faire ton travail.
Quand les intentions de l'ennemi sont évidentes et que l'attitude de l'allié est hésitante, amenez vos alliés à attaquer vos ennemis pendant que vous préservez vos propres forces.

Pour éviter d'être incriminé dans une affaire de meurtre, certains peuvent mener leurs actions avec une "épée d'emprunt" qui fait référence à quelqu'un d'autre qui en veut à la victime. En conduisant un troisième élément à commettre le meurtre, vous pouvez atteindre votre but sans avoir à en assumer la responsabilité. Dans un contexte martial, cette maxime conseille au dirigeant d'exploiter le conflit des divers pouvoirs. Pour combattre un ennemi fort, il faut découvrir une puissance en désaccord avec cet ennemi et l'amener à le combattre à votre place. De cette façon on obtient un résultat double avec un demi effort.

Selon les anciens stratèges militaires chinois, quand deux camps s'opposent et qu'entre soudainement en scène une autre force, le résultat final dépendra incontestablement de l'attitude de ce troisième camp; il doit donc être gagné à votre cause par tous les moyens inimaginables.

Inversement, si un Etat tolère l'accroissement continu d'un voisin sans le contrôler ou en tirer usage, l'Etat est appelé à se détériorer.

12. Utiliser un objet pour calomnier
Utiliser un bouc émissaire pour fuir ses responsabilités en cas d'échec.

13. Provoquer la colère du chef ennemi
Provoquer le chef du camp ennemi afin qu'il nous déclare la guere, alors que nous voulons l'attaquer en premier.

14. Profiter du brouillard pour s’enfuir.
Profiter du mauvais temps pour fuir (ou pour attaquer) sans que l'ennemi ne nous apperçoive.
15. Prendre le chemin que personne n’y pense
Détruit l'adversaire en menant une fausse attaque dans une direction alors que c'est ailleurs, là où il ne se défend pas, que porte la véritable offensive.

Ce stratagème insiste sur la mise en œuvre d'un mouvement de diversion, usuellement une attaque frontale, pour dissimuler la manœuvre secrète qui doit déborder l'ennemi.

Ceci est fondamentalement en accord avec la stratégie de Sun Zi visant à combattre l'ennemi avec des forces ordinaires et à le défaire avec des forces spéciales, mais seulement dans le cas où cet ennemi est maintenu en respect non par la présence de la puissance principale, mais par un mouvement de diversion, qui requiert néanmoins quelques actions concrètes pour en établir la crédibilité.

16. Changer la position de l'invité et de l'hôte
Pour changer de place ou de position, renverse la situation..

Saisir l'opportunité de faire un premier pas, puis s'emparer du cœur de l'adversaire.

Quand un hôte est si maladroit qu'il ne sait pas comment recevoir un invité, ce dernier peut en arriver à dicter au nom de son hôte le déroulement nécessaire de la rencontre.

Ainsi sont échangés les rôles respectifs de l'hôte et de l'invité. Cette expression peut aussi décrire une personne présomptueuse qui s'empare du travail d'un autre jusque dans ses propres mains.

Dans le vocabulaire militaire chinois, l'invité fait référence au camp qui lance une attaque à l'intérieur du territoire de son adversaire et qui, par conséquent, assume le rôle de l'hôte en assurant la défense de son nouveau pays.

Bien que conservant l'initiative d'être l'attaquant, l'invité souffre de nombreux désavantages. Il doit transporter des provisions sur de grandes distances, combattre sur un terrain inconnu, traiter avec une population hostile, et faire le siège de cités bien fortifiées.

Un attaquant expérimenté peut trouver plusieurs voies surpassant ces difficultés. Il peut feindre la faiblesse et leurrer l'armée des défenseurs pour qu'elle s'aventure à l'attaquer à l'extérieur dans un lieu bien choisi. De cette façon, l'attaquant qui combat sur le territoire de l'adversaire peut faire de l'ennemi son invité et obtenir l'avantage de la position de l'hôte pour lui-même.

17. Le scarabée d'or opère sa mue
Quand tu t'échappes, fais-le très secrètement, sans que cela se sache.

Construit un faux bastion afin de dissuader l'ennemi d'attaquer, et retire-toi discrètement en laissant un nid vide.

A la guerre, la retraite n'est pas plus aisée que l'avancée. Une armée qui fait retraite est exposée à une attaque sur ses arrières; le repli peut se transformer en débandade si les forces supérieures de l'ennemi poursuivent leur offensive. Par conséquent, il faut mettre sur pieds une "retraite-surprise" en se repliant dans un mouvement brusque et en même temps maintenir l'apparence de l'inaction.

Dans un sens plus large cette stratégie requiert que vous fassiez usage de faux-semblants pour préserver le secret de vos manœuvres militaires.

18. Le piège de la ville vide
Fait naître le doute dans le camp adverse en lui présentant quelque chose de vraiment simple; laisse l'ennemi surestimer tes capacités.

Afficher une apparence faible lorsqu'on est en position de faiblesse créera le doute chez un ennemi déjà dubitatif. Utilisé par le faible contre le puissant, cela fera mieux que les meilleures ruses.

La duperie, en temps de guerre, vise à donner une fausse impression de vos propres forces et intentions à l'ennemi. La pratique habituelle consiste à simuler la faiblesse quand vous êtes puissant et la puissance lorsque vous êtes faible.

19. Pour prendre des bandits d'abord prendre leur chef
Vise le cheval en premier afin d'atteindre le cavalier.

Briser la force principale de l'ennemi et capturer les chefs pour anéantir tout l'ensemble.
Le terme de bandit est ici un nom d'emprunt pour désigner les forces ennemies qui, après la capture de leur chef, s'éparpilleront et s'enfuiront. Quand vous combattez un tel ennemi, vous pouvez vous contenter de prendre le meneur et ses compagnons succomberont.

20. Sur l'arbre les fleurs s'épanouissent
Exagère afin de tromper ton adversaire, laisse le croire que tu es puissant.

Exploiter les forces externes (alliés) pour créer une situation favorable, ainsi une petite armée acquerra une grande force.

21. Monter sur le toit et retirer l'échelle
Attire l'ennemi dans un piège, puis isole-le.

Placer l'armée adverse dans une situation apparemment favorable, la pousser à avancer, la couper de toute coordination ou renfort, et la mener dans une impasse.

Cette stratégie sous-entend l'utilisation d'une "échelle" dans le cadre d'un piège tendu pour annihiler l'ennemi. L'échelle fait référence aux moyens par lesquels l'adversaire est guidé jusqu'au centre du traquenard. Il peut s'agir de feindre l'épuisement si le commandant ennemi est arrogant, de l'appât du gain s'il est avide, ou de défaites répétées s'il est hésitant.


22. Les stratagèmes entrelacés
Transforme la force de l'ennemi en faiblesse; conduis-le jusqu'à ce que son orgueil le fasse chuter.

Un jeu de stratagèmes liés (une série de stratagèmes) amène ton ennemi à la défaite.

Les stratagèmes entrelacés ont trouvé leur application la plus efficace dans les combats contre les unités de cavalerie, dont la puissance est évidemment liée à la mobilité.

Confronté à l'ennemi dès le matin, vous pouvez le défier, le combattre et feindre la défaite. Après vous être replié à quelque distance, vous faites volte-face, lancez un défi et feignez encore une fois d'être vaincu et faites de nouveau retraite. Cherchant avidement l'action décisive, l'ennemi vous poursuivra résolument, sans prendre le temps de se reposer.

Parallèlement, si vous avez au préalable planifié ces retraites successives, vous pourrez utiliser les intervalles pour nourrir et faire se reposer vos troupes. A la tombée de la nuit l'ennemi sera épuisé et affamé.

Pour la dernière fois, feignez la défaite, et éparpillez des marmites de haricots cuits sur le sol. Quand la cavalerie ennemie arrivera, les chevaux seront attirés par l'odeur de la nourriture et s'arrêteront pour manger.

Une grande victoire s'offrira à vous si vous contre-attaquez à ce moment précis.

23. Attendre en se reposant que l'ennemi s'épuise
Utilise la patience et use l'ennemi.

Il est possible d'amener l'ennemi dans une impasse sans même combattre.
L'attaquant et le défenseur sont les deux éléments fondamentaux de l'art de la guerre.

L'attaquant a l'avantage de l'initiative. Celui qui attaque a le choix de la bataille, à laquelle le défenseur doit répondre par une contre-attaque.

Mais cette stratégie insiste surtout sur les avantages de la défense.

En prenant une position que l'attaquant ne peut contourner et en s'assurant d'amples réserves, le défenseur a l'opportunité de préserver ses forces tout en attendant que l'ennemi s'épuise jusqu'à avoir perdu sa supériorité. Alors vient le moment pour le défenseur de contre-attaquer.


24. Injurier l'acacia en désignant le mûrier
Le fort utilise les punitions pour amener le faible à la soumission.

La sévérité adéquate porte ses fruits, une action risquée ne rencontrera pas d'obstacles.

Dans la famille chinoise antique, une concubine insatisfaite de la domination exercée par la première épouse n'ose généralement pas l'affronter de face. Elle peut à la place chercher, avec l'aide d'une servante de la première épouse, une faute qui lui soit imputable. C'est une application domestique du vingt-sixième stratagème.

Un commandant militaire peut effrayer jusqu'à la soumission deux types de personnes: ses propres troupes ou bien un groupe puissant sans allégeance formelle. Dans ce dernier cas, il doit avoir un moyen de pression sur ceux qu'il entend apeurer.

Ainsi, par exemple, quand le dirigeant de l'alliance de plusieurs groupes de bandits veut amener les chefs des différents groupes à une soumission totale, il peut isoler le plus puissant de ceux-ci et le détruire entièrement.

Il ne choisira pas de les détruire tous, en partie parce qu'ils lui sont utiles, mais aussi principalement parce que cela serait au-delà de ses forces de les combattre tous ensemble. A l'exception du premier empereur des Qin, la plupart des fondateurs de dynasties en Chine adoptèrent cette stratégie pour éliminer leurs principaux rivaux.

Ce plan peut aussi être utilisé pour renforcer la discipline militaire lorsque le commandant punit sévèrement quelqu'un que ses hautes relations rendaient irrespectueux des règlements et rebelle face à la hiérarchie.

25. Jeter les pierres à celui qui tombe dans le puits
Profiter de la faiblesse d'un ennemi pour l'enfoncer davantage.

26. Gonfler sa renommée
Donner l'impression de force à l'ennemi alors que ce n'est pas vrai.

27. Retirer le feu sous le chaudron
Prive l'adversaire de ressources avant de l'attaquer, va à la racine, prends des mesures radicales, fait une cure complète.

Eviter une confrontation de puissance avec l'adversaire et chercher à affaiblir sa position, à l'image du lac et du ciel.

28. Tuer le poulet pour effrayer le singe
Attaque un point faible de l'adversaire (ex: un de ses lieutenants), divise et règne.

La stratégie indique de concentrer vos forces pour attaquer le point faible de l'ennemi.

Dans la littérature militaire chinoise, combattre l'ennemi est souvent assimilé à la régulation des rivières.

Quand l'ennemi est furieux et surpuissant comme un flot déchaîné, on doit éviter une confrontation de face et attendre jusqu'à ce qu'il ait perdu son élan, comme mener le flot dans une rivière dégagée pour le calmer et le rendre contrôlable.

Comme pour un ennemi mineur, on peut construire une "digue" pour stopper son mouvement et attaquer ses points faibles et l'anéantir.


29. Le piège de l'agent double
Pour répandre de fausses informations, sème méfiance et dissension parmi tes adversaires; jette le trouble et la confusion chez l'ennemi au moyen de ses propres contre-espions.

Amener l'ennemi dans son propre piège.

Quand vous détectez un agent ennemi, vous pouvez le faire arrêter puis lui offrir vos plus belles concubines, et ainsi obtenir des informations sur les forces ennemies. Ou bien, comme le prône cette stratégie (polysémie de Jian), vous pouvez feindre l'ignorance, donner de faux renseignements à l'espion et le laisser partir faire son rapport au commandant adverse.

Prenant ces informations pour des faits, l'ennemi aura un jugement faussé de la situation et ainsi commettra des erreurs stratégiques dans ses plans de bataille.

30. La prune remplace la pêche dans l'impasse
Si besoin est, sacrifie le moins important pour sauver ce qui est vital; substitue une chose à une autre.

Une semblable expression peut être entendue de la part des joueurs d'échecs chinois "abandonner un pion pour sauver un chariot". Dans la bouche d'un chef militaire, elle indique qu'il est prêt à payer le prix fort pour une importante victoire.

31. Saisir l’opportunité pour ramener la chèvre (c'est à dire: faire un bénéfice sans effort)
Tire parti à bon escient de la négligence ou de l'incompétence de l'adversaire.

Tirer avantage du moindre défaut; s'emparer du plus petit profit.

Faire usage d'une erreur mineure de l'ennemi pour obtenir une victoire mineure.

32. Laisser s'éloigner pour mieux piéger
N'éveille pas chez l'adversaire l'esprit de contre-attaque.

Pressez l'ennemi (vaincu) et il contre-attaquera; laissez le prendre le large et il affaiblira sa position. Suivez-le à proximité mais sans trop le presser.

Poussez-le à gaspiller son énergie et sapez son moral. Après qu'il s'est éparpillé, soumettez-le sans même teinter de sang vos épées.

33. Faire souffrir la chair
Absorbe tes pertes pour gagner la confiance; inflige-toi une blessure pour susciter des confidences.

Pour permettre qu'un agent gagne la confiance de l'ennemi, vous pouvez le punir sévèrement en public, le jeter en prison et le laisser ensuite secrètement s'échapper pour rejoindre le camp adverse.

Ainsi cet homme aura les faveurs de l'ennemi et pourra l'amener à sa propre perte de diverses façons allant de la délivrance de faux renseignements à l'assassinat du commandant adverse.

34. Se défaire d'une brique pour attirer le jade
Utiliser un appât (ou l'équivalent) pour faire une grosse prise.

Abusez l'ennemi avec des faux-semblants.

Punissez la naïveté juvénile (ou le jeune naïf).

L'expression est tirée de l'histoire de deux poètes de la dynastie Tang.

A cette époque le célèbre poète Zhao Xia était sur le point d'aller visiter Suzhou, la ville des jardins, dans le sud. Le poète Chang Jian l'apprit. Il se douta que Zhao ne manquerait pas de s'arrêter au Temple Ling Yang (Temple de la Pierre Pensante). Il s'y rendit le premier et écrivit deux vers sur un des murs. Lorsque Zhao Xia arriva à son tour et vit les deux vers de Chang, il en écrivit deux autres complétant ainsi le poème. Il est généralement admis que les deux derniers vers étaient de loin supérieurs aux premiers de Chang Jian. Ainsi on dit de Chang qu'il s'est "défait d'une brique pour attirer le jade.

De nos jours, l'expression a toujours la faveur de ceux qui veulent paraître modeste.

Par exemple, une personne à qui on demande de parler en premier dans une réunion pourra dire, dans le sens de la modestie, qu'elle va "se défaire d'une brique pour attirer le jade".

Dans un contexte militaire, la brique et le jade font respectivement référence aux feintes et aux véritables manœuvres.

Une autre expression populaire parle de "faire passer des yeux de poissons pour des perles". Tout d'abord, le général offre à l'ennemi un appât, qui peut être un faible détachement de troupes, des chariots de provisions peu gardés, ou quelque troupeau de bœufs ou de chevaux qui semblent sans protection. Appâté par un gain aisé, l'ennemi avancera pour capturer le leurre.

Ainsi le général aura gagné l'initiative en manœuvrant l'ennemi comme il l'entendait et la bataille sera déjà à moitié gagnée avant même d'avoir commencé.

35. Faire revivre un corps mort
Utilise quelque chose de mort pour parvenir à tes fins.

Cette stratégie recommande l'utilisation de ce qui est apparemment inutile à la guerre. Au moment du déclin d'une dynastie, nombreux sont les vaillants militaires qui viennent rivaliser pour la domination de l'empire.

Un chef éclairé comprend que les victoires militaires ne sont pas suffisantes pour asseoir sa puissance.

Il doit s'assurer un soutien populaire, pouvant ainsi toujours obtenir combattants et provisions pour compenser ses pertes sur le champ de bataille.

Une bonne façon d'arriver à cette fin est d'encourager le sens de la légitimité (régnante) parmi le simple peuple.

Il peut proclamer être en position de prendre le contrôle de l'empire, soit en tant que descendant d'une victime illustre de la dynastie renversée (si cette dernière est considérée comme irrémédiablement corrompue) ou bien en tant que parent éloigné de la maison impériale (si la dynastie déclinante est considérée comme victime de ministres félons). S'il n'est pas en mesure de le faire lui-même, il peut alors envoyer à sa place quelqu'un qui aura un tel statut et qu'il fera passer pour son maître.

Bien sûr il aura soin de se débarrasser de lui une fois son pouvoir établi.

Le mot de la fin:

36. Courir est le meilleur choix
Choisis de ne pas participer, de ne pas jouer le jeu que ton adversaire joue.

Attaqué par un ennemi surpuissant, seules quatre alternatives s'offrent à vous:
- combattre jusqu'à la mort,
- négocier la paix avec l'ennemi,
- vous rendre,
- fuir.

Combattre jusqu'à la mort et vous rendre sont l'une et l'autre une défaite totale, et négocier signifie une demi-défaite. Fuir devient dès lors le meilleur choix.

En évitant la défaite aujourd'hui, vous gagnez l'opportunité d'une victoire demain.

Une armée ne doit combattre qu'au bon moment, au bon endroit, et contre le bon adversaire. Les images conventionnelles de l'armée victorieuse allant de l'avant et de l'armée vaincue se repliant sont trompeuses car elles entretiennent le mythe de la retraite honteuse.

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